On aurait pu aller dans beaucoup de cosmogonie pour vous parler de la terre-mère comme dans la mythologies grecque avec Gaïa, Parvati chez les Hindous, Amalur ou tout simplement Mère-Nature, mais nous avons choisi l’Amérique Latine et Pachamama car encore aujourd’hui elle est très présente et importante.
Pacha en aymara et en quechua peut avoir plusieurs sens : terre, monde, univers, temps, époque, cosmos, sol.
Mama : Mère, Femme.
Elle est l’épouse d’Inti (le dieu soleil) avec qui elle a eu beaucoup d’enfants Ils étaient à la fois frères et sœurs, et époux et épouses (oui oui ça va on est chez les dieux):
– Ayar Manco Capac et Mama Ocllo,
– Ayar Auca et Mama Huaco,
– Ayar Cachi et Mama Ipacura ou Mama Cura,
– Ayar Uchu et Mama Raua.

La Pachamama dans la cosmogonie andine est donc la Terre-Mère, la déesse-mère celle qui n’est pas qu’à l’origine de la création mais surtout qui en est la protectrice. Elle est reliée à tout ce qui vient de la terre, que soit végétal, minéral ou vivant comme les animaux et les hommes.
On la célèbre encore aujourd’hui pendant le mois d’août en particulier au travers de différents rituels selon les régions que nous verrons plus loin. On l’honore car c’est la déesse du monde agraire et nous verrons que même avec l’arrivée des Espagnols et la christianisation de l’Amérique Latine, le mythe de Pachamama est encore et toujours bien vivant.
On la considère toujours comme une divinité protectrice qui favorise la fécondité et la fertilité et c’est pour cela que les Hommes font des offrandes pour la remercier en retour, dans l’idée de rendre à la terre ce qu’elle nous a offert, on nourrit Pachamama comme elle nous a elle-même nourri. C’est pourquoi comme toutes divinités Pachamama peut avoir un très mauvais visage quand elle est offensée ou mal remerciée et se venge en apportant famine et maladie. Le crapaud est considéré comme le messager de Pachamama, c’est son apparition qui amène les mauvaises nouvelles, maladies, malheurs arriveront à ceux qui n’ont pas honoré correctement.
On voit l’idée d’un cycle ou plutôt d’un cercle vertueux. Ce respect et cette harmonie nous rappelle à quel point les peuples Andins ont un système de croyances basé sur l’union sacrée en plaçant l’humain et la nature sur un pied d’égalité.
Dans le concept de Pachamama, il ne faut pas voir le côté individuel mais collectif des hommes, le groupe dans la nature, l’idée de communauté, de bien collectif à protéger et tout ça dans une vision bien lointaine de notre vision et conception occidentale de la propriété et de la collectivité.
En Amérique Latine, les interactions enveloppent les êtres vivants, humain ou non, tel que les animaux, les plantes, mais, aussi les montagnes, les forêts, les rivières et également les esprits des défunts.
Dans ces cultures l’Homme n’a pas à dominer le monde qui l’entoure, il se doit de seulement coexister avec Pachamama et les autres groupes sur terre. Elle est source de vie cette Pachamama et elle offre son sein nourricier que l’homme cultive et protège à son tour, c’est un partenariat. Nous sommes dans une croyance animiste.
Pour eux, Pachamama n’est pas muette, elle offre plein de signes qu’il faut savoir reconnaitre et interpréter, c’est souvent le rôle du Chaman.
Rituels et fêtes pour célébrer Pachamama
Pour la plus grande célébration il s’agit du 1er Août (Pour les Ayamara elle s’appelle Wilancha), mais en réalité cela peut se retrouver sur tout le mois. Ce qui est assez cohérent car dans de nombreuses culture le 1er Août est un jour de fête, on célèbre en générale les récoltes comme Lammas ou Lugnasadh dans chez les Païens celtes ou nordiques.
Ce jour consiste à remercier Pachamama pour le fruit des récoltes en lui faisant diverses offrandes (Challa ou Pago), toujours dans l’idée de rendre à la terre ce qu’elle nous a apporté. Il y a de nombreuses cérémonies et prières qui sont données, celle-ci sont organisées par les hautes autorités de la communauté ou les personnes les plus âgées et donc plus sages, en Bolivie pour les Ayamaras on les appelle les Yatiri, ils sont vus comme des guides spirituels.
Les offrandes sont sous forme de boissons alcoolisées, de cigarettes, d’encens, de fruits, de miel, mais cela peut aussi être des petits objets. À une époque, avant l’arrivée des espagnols, oui il pouvait y avoir des sacrifices d’animaux et sûrement humains aussi.
En Argentine aussi on célèbre Pachamama à ces dates-là dans des conditions plus ou moins similaires, une petite particularité à vous donner, les mineurs sont particulièrement généreux dans leur culte afin de remercier et de demander à Pachamama de les aider dans leur travail et de les protéger aussi. Pendant les célébrations on trouve aussi d’autres évènements comme de concours de tissage ou du meilleurs Asado (plat traditionnel de viande). C’est la ville de Aimacha del valle qui a le monopole en Argentine avec leur 6 jours de célébrations.
Au Pérou, Les cérémonies d’offrande à la Pachamama sont plus ou moins de deux sortes : des cérémonies privées chez les gens directement sur des autels et des offrandes communautaires sur les sommets des montagnes dans des sites en général sacré. Ce sont des « prêtres » andins, plus connus sous le noms paqo, shaman, altomisayoq ou yatiri, qui peuvent être classés dans différentes hiérarchies ou niveaux de sacerdoce. Un apprentissage doit être suivi pour gravir les échelons et en plus des facultés, il faut beaucoup de mérites et surtout beaucoup de temps pour suivre l’élévation.
On dit d’eux qu’ils ont des pouvoirs surnaturels et la faculté de pouvoir communiquer avec le monde des esprits avec différents rituels, supports (nous avons vu que l’agate mousse en était un exemple)
Le prêtre propose une offrande baptisée despacho (envoi) qui contient des feuilles de coca (plante sacrée et salutaire dans les altitudes andines), une ou plusieurs variétés de semences de céréales, de l’argent pur, unthu (un appât), sullus (un fœtus de lama ou de mouton), du vin, des fruits, de l’encens, etc. Après avoir demandé l’autorisation à la Pachamama, il établit une mesada (plus ou moins un autel ou une table d’offrande éphémère) sur le sol, un tissu orné de fleurs et de bougies avec toutes les offrandes.
Les requêtes des participants sont des souhaits adressés directement à la Pachamama (on peut trouver des souhaits pour l’abondance et la prospérité, mais aussi pour la fécondité, les mariages voire la santé) et avec une grande foi, tandis que le prêtre invoque les Apus, divinités des montagnes sacrées et les trois univers suprêmes ou mondes andins : hanan pacha , kay pacha et ukhu pacba, comme nous l’avons vu dans la signification de la croix andine.
Pour clore le rituel, on brûle les offrandes, retour à la terre, poussière tu étais, poussière tu redeviendras, mais la fumée est aussi très importante, en s’élevant vers le ciel pour monter vers les dieux tandis que les cendres sont enterrées dans la terre pour compléter le cycle. Selon la croyance, si les cendres sont noires, cela signifie que l’offrande n’est pas du goût de la Pachamama. Si elles sont de couleur blanchâtre, cela signifie que ça lui a plu et que les demandes seront acceptées.
Pachamama, Christianisme
Comme beaucoup de mythes Pachamama a failli disparaitre. Ce n’est pas le sujet mais la religion catholique et ses évangélisateurs ont mis à mal beaucoup de cultes qui ne pouvaient pas coller avec les doctrines. Mais comme souvent les concernés ont souvent trouvé un moyen détourner pour intégrer leurs croyances à la religion imposée. C’est le cas de Pachamama, comme beaucoup de figure féminine en lien avec la protection et la création, elle a réussi à marier ses traits à une figure biblique, vous l’aurez sans doute deviné… la Vierge Marie. C’est sous les traits de Marie que Pachamama a réussi à traverser les siècles jusqu’à nous jusqu’à récupérer sa place et ses pleins pouvoirs.

La Chakana ou chacana : La croix Andine
Tawa chakana en quechua, les quatre escaliers. Elle incarne la mythologie et le mysticisme traditionnels des populations des Andes. C’est la représentation de la cosmogonie andine.

On la retrouve de partout, sur les vêtements, les objets, les bâtiments aussi bien civils que religieux.
Elle est la représentation de l’Espace et du Temps. Sa compréhension et son respect sont la clé pour accéder au plus haut niveau de conscience.
Symbole des trois marches:
3 marches = 3 mondes
Le chiffre 3 est un fondement sacré dans les Andes
Hanan Pacha = le monde supérieur : les étoiles, les êtres célestes et les dieux.
Kay Pacha = le monde du milieu : la vie humaine
Urin Pacha = le monde inférieur : le monde souterrain, inconscient et la mort.
Il y a aussi la notion de naissance, vie et mort.Le haut, ici, maintenant, le bas qui se croisent avec avant ici et maintenant, après.
On peut retrouver associé à cela trois animaux sacrés qui sont des archétypes.

Le Condor : notre capacité à communiquer avec les cieux et les esprits. Le dessus
Le Puma : notre capacité à vaincre nos peurs. Le milieu
Le Serpent : notre capacité à nous guérir. Le dessous
Avec trois principes qui sont présents pour aider l’Humanité.
Llanjay : pour travailler la maitrise du corps et de l’esprit.
Munay : l’amour inconditionnel
Yackai : la sagesse et la compréhension au-delà de l’intellect
C’est aussi un symbole à 4 faces, la chakana représentant la connexion terre ciel on trouve donc
Les 4 points cardinaux : Nord, Sud, Est, Ouest
Les 4 saisons : Printemps, Été, Automne, Hiver (ainsi que les solstice et équinoxes)
Les 4 éléments : Eau, Terre, Feu, Air
Cela correspond aussi au ciel de l’hémisphère sud, dont l’axe visuel et symbolique est marqué par la constellation de la Croix du Sud.
Elle sert aussi de calendriers pour les célébrations, pour les dates rappelez-vous que nous somme dans l’hémisphère sud.
Avec trois principes qui sont présents pour aider l’Humanité. Llanjay : pour travailler la maitrise du corps et de l’esprit. Munay : l’amour inconditionnel Yackai : la sagesse et la compréhension au-delà de l’intellect
C’est aussi un symbole à 4 faces, la chakana représentant la connexion terre ciel on trouve donc Les 4 points cardinaux : Nord, Sud, Est, Ouest Les 4 saisons : Printemps, Été, Automne, Hiver (ainsi que les solstice et équinoxes) Les 4 éléments : Eau, Terre, Feu, Air Cela correspond aussi au ciel de l’hémisphère sud, dont l’axe visuel et symbolique est marqué par la constellation de la Croix du Sud. Elle sert aussi de calendriers pour les célébrations, pour les dates rappelez-vous que nous somme dans l’hémisphère sud.
21.06. Willka Hatch Laimi Grande fête du dieu soleil (Solstice d’hiver) 01.08. Wilancha Culte à la Pachamama 22.09. Auti Willka Chika Fête des récoltes (Équinoxe printemps) 02.11. Shakhatas y Hiwatas Fête des morts 22.12. Willka Kuti, retour du soleil (solsitce d’été) 02.02. Anatas Bénédictions des futures récoltes 23.03. Hallu Willka Chika Équinoxe d’automne 03.05. Autorisation des récoltes.
Le trou du milieu s’appelle l’axis mundi, soit l’axe cosmique, l’axe du monde ou le pilier du monde. Pour d’autres c’est aussi Inti dieu soleil

Vous pouvez aussi y reconnaitre le plan de construction des pyramides inca avec la croix à quatre branches égales. Mais aussi des villes incas en général.
La spirale
Le symbole sacré de la Pachamama avec la spirale du temps au centre, la courbure de l’espace-temps et le canal lunaire en bas, canal de la matrice utérine… Il y a aussi la notion de labyrinthe.

C’est un symbole qu’on retrouve dans beaucoup d’autres représentations dans tous ces symboles comme la chakana on retrouve l’idée de l’arbre de vie
Nous espérons que ce voyage vous aura plu et vous aura donné envie de partir à la découverte des autres mythes de la création, tellement de cosmogonies toutes plus passionnantes les unes que les autres à découvrir